1. |
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Une nuit trop agitée
Mes rêves qui, comme pour me narguer
Me laissent l’esprit déshydraté
J’avais pourtant fait tout ce qu’il faut
Quarante-cinq minutes de cardio
Pas d’cigarette, un long bain chaud
Et je pleure de fatigue
Mes journées en noir et blanc
Ne me servent plus qu’à produire
De l’engrais pour mes tourments
Je me lève, ouvre les rideaux
Mon ex qui déneige son auto
J’ai les viscères en bas d’zéro
Un déjeuner sans saveur
La radio raconte des horreurs
M’brosser les dents m’donne mal au cœur
Et je monte la colline
En retard naturellement
Je pénètre mon officine
Non pas sans grincer des dents
Vous avez dix-neuf nouveaux messages
« J’ai besoin de vous, chère garde-malade
Mais j’vous envoie chier au passage
On m’a volé mes médicaments
J’en veux une autre dose, c’est urgent
Comprenez, j’suis itinérant »
Ma tolérance vacille
Même si je vous sais dément
J’ai envie de vous servir
Une dose de mauvais traitement
Seize heures trente, la clé dans la serrure
Déboule la King à toute allure
Pour ensuite frapper un autre mur
La solitude dans mon trois et demie
Une pile de six pieds d’livres de psy
Pis juste le goût d’brailler ma vie
Et je meurs entre les lignes
De textes sur l’itinérance
Ce que je lis me déprime
L’être humain est un tyran
Vingt heures trente, ma tête explose
J’ai juste envie d’fumer d’la dope
Gratter ma guit, chanter ma prose
Mais je décide de faire ce qu’il faut
Quarante-cinq minutes de cardio
Pas d’cigarette, un long bain chaud
Et je pleure de fatigue
Mes journées en noir et blanc
Ne me servent plus qu’à produire
De l’engrais pour mes tourments
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2. |
Merci pour l'écrasement
03:53
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Suspendue à un arbre que je ne quitterai pas
Tellement mûre qu’un cueilleur se serait taché les doigts
Solidement accrochée à l’inconfort du combat
J’ai passé tant de saisons exposée au froid
Je suis devenue mature un peu précocement
Des traces d’usure font un maquillage permanent
Je suis maître de moi-même comme seul argument
Des motifs obscurs tapissent un curieux entêtement
Un fruit mûr depuis tant d’années qui oublie de tomber
Seule, sur une branche, comme un drapeau noir j’ai résisté
Une déclaration de guerre aux forces de la nature
Je ne briserai pas mon armure sur un tapis de verdure
Tu aimes la vitesse et les moteurs à réaction
Le hasard t’a amené à survoler ma région
Tu as balayé ma tête d’une accélération
Puis tu as brisé la tienne sur le mur du son
Tu t’es écroulé sur des terrains qui me sont étrangers
J’ai ouvert les bras pour t’accueillir et me suis écrasée
Répandue au sol comme un fertilisant
L’herbe est plus verte depuis ce temps, je hisse le drapeau blanc
Ta boîte noire ne détient pas certaines informations
Je te conseille de faire la lecture de l’horizon
Tous les soirs, il est écrit au firmament
Merci pour l’écrasement
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3. |
Tu sens bon du karma
04:09
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Kimmy, tu sens bon du karma
Depuis que tu bois de l’eau salée
Ses cristaux te donnent de l’éclat
Ta langue s’est multipliée
Sitôt dans ton nouvel habitat
Toute la ville est à tes pieds
Le matin, tu cueilles une montagne
Et la manges pour déjeuner
Tu trouves plutôt confortable
Une sieste sur un glacier
Dans ce relief inégal
Tu te sens équilibrée
Il y a maintenant sur la carte
Une nouvelle attraction
Le pays est sous ton charme
On fait la file pour jouir de ton don
Tu as choisi l’escalade
Comme moyen de transport quotidien
Parfois, tu crées une fable
Pour t’en faire un gagne-pain
Tu gravis de façon louable
À l’échelle de ton destin
Tu fais pousser des images
Que tu distribues pour provoquer
La jalousie de tes semblables
Mais ceux-ci n’ont pas décelé
Que la seule chose qui est enviable
Est ta force illimitée
Il y a maintenant sur la carte
Une nouvelle attraction
Je ferai le grand écart
Pour venir me nourrir de tes rayons
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4. |
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Je me sens préoccupée de façon générale
Par le sort de l’humanité et du règne animal
Mais dans mes gestes de bonté, je sens bien qu’on m’arnaque
Des œufs d’poule en liberté c’est cher en tabarnak
Connaître un fermier urbain, de nos jours, c’est pratique
C’est charmant, bio, local et c’est économique
C’est décevant d’apprendre que pour nettoyer les cages
Chaque semaine, il fait brûler un grand feu d’paille de marde
C’est pas juste un grand feu d'paille
C’est un grand feu d'paille de marde
Un grand feu d'paille de marde
Un grand feu d'paille de marde
Je fais preuve à chaque instant de générosité
Mais se perpétue l’histoire des poules en liberté
Mes meilleures intentions ne me protègent pas du drame
Soit ça coûte cher, soit ça provoque un grand feu d'paille de marde
Je me sentais optimiste, mais suis-je un peu naïve
J’ai encore beaucoup de peine à croire ce qui arrive
C’est cruel d’un soir dire merci à sa bonne étoile
Et d’être réveillée la nuit par feu d’paille de marde
C’est pas juste un grand feu d'paille
C’est un grand feu d'paille de marde
Un grand feu d'paille de marde
Un grand feu d'paille de marde
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5. |
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Tes paupières s’ouvrent à peine et tu regardes l’horreur
Les catastrophes sont en ordre de grandeur
Mais moi, j’ouvre la fenêtre et récolte du bonheur
Notre avenir se dessine en ma faveur
On jouit pas en même temps
Certains jours, je fais carême pour comprendre ta misère
J’imagine être syrienne en pleine mer
Pour me punir d’être sereine, je me fabrique un ulcère
Dans la douleur, je te serai solidaire
On jouit pas en même temps
Tes paupières s’ouvrent à peine dans le chaos des moteurs
Tu regardes dans le ciel et tu meurs
Moi, je ferme la fenêtre et refuse le bonheur
Ton infortune détruit même son spectateur
On jouit pas en même temps
Mais on meurt en même temps
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6. |
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Tristesse, insomnie, indécision
Perte d’appétit, idées de pendaison
Depuis un mois, félicitations
Tu as les critères d’une dépression
J’oublie tout, j’ai un début de démence
Tu bois trop, t’as un abus de substance
Son cœur palpite, il fait une crise de panique
Nous parlons fort, nous sommes histrioniques
On a tous notre maladie
Toi, t’es folle à combien sur dix?
Je me suis lavée cinq fois aujourd’hui
Je suis peut-être TOC, comme on dit
Tu prétends avoir des pouvoirs immenses
Tu es en manie de toute évidence
Il dit être habité du Saint-Esprit
Il doit avoir la schizophrénie
Nous sommes adeptes de l’évasion fiscale
Les personnalités antisociales
On a tous notre maladie
Toi, t’es folle à combien sur dix?
Si t’aimes le même sexe, c’est pas un problème
C’est plus une maladie depuis ‘73
Mais si tes règles te rendent hystérique
Tu pourrais gagner un nouveau diagnostic
On a tous notre maladie
Toi, t’es folle à combien sur dix?
Si ton âme souffre de paralysie
T’as le plus sombre des pronostics
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7. |
Fais ce qu'il faut
03:16
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Tu vas demeurer à la maison
Tu seras un bon garçon
Partir te recouvrirait de honte
La porte a toute ton attention
Émettra-t-elle un son?
Quelqu’un mettra-t-il fin au décompte?
Fais ce qu’il faut pour être un bon père
Même si l’ambiance de ta chaumière
Est devenue comme la fumée secondaire
Elle t’intoxique sans le plaisir
De fumer toi-même
Tu as obéi à ta raison
Et amputé ton fond
Sans jamais t’en rendre compte
Tu dis que ce chemin est le bon
Mais ces obligations
C’est seulement toi qui te les racontes
Fais ce qu’il faut pour être un bon père
Claque la porte de ta chaumière
Et sors de ton cadre imaginaire
Qui te confine dans un rôle triste
Loin de toi-même
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8. |
Le lichen en colère
03:57
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Tes yeux froids comme la pierre
Ont lapidé mon âme
Et congelé mes rêves
Ton mépris m’a mené sur
Le chemin de la honte
Jusqu’au bord de la chute
J’ai poussé dans la toundra
Partie au sud pour devenir
Plus grande que toi
Cultivant ma dépendance
Tu vois d’un œil amer
Tout ce qui me distance
De ton emprise sauvage
Tu ris de mes amours
Et méprises mes voyages
Tes mains se resserrent sur moi
Ne vois-tu pas que je
Te glisse entre les doigts
Condescendant de nature
La tromperie t’habille
Comme une fourrure
Tu te prétends roi et maître
Détruis et enterres ceux
Qui osent te tenir tête
Je possède le pouvoir
D’exister telle que tu
Refuses de me voir
Sous tes paroles vertueuses
Se cache une anguille
Qui est venimeuse
Elle t’a joué un mauvais tour
T’a mordu, a exposé
Tes vices au grand jour
Amputé de tes deux bras
Tu continues la guerre
Armé d’une langue de bois
Artisan de ton malheur
Tu t’étrangles toi-même
Avec ta rigueur
Je te laisserai pour mort
Tout seul dans le désert
Qui te sert de décor
Je renaîtrai de tes cendres
Expulserai la peur
Qui m’habite le ventre
Libérée de ta démence
Je n’offrirai que l’amour
À ma descendance
Je vais me multiplier
Ensemble, nous formerons
Un immense verger
Toi qui te nourris de haine
Tu resteras toujours
Un lichen en colère
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9. |
Grâce à ma thérapie
03:32
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Il fut un temps où j’étais constamment suivie
Par l’odeur étouffante de mes tragédies
Mon lit était devenu un impuissant témoin
De la genèse des souffrances du lendemain
Mais aujourd’hui, je souris
Grâce à ma thérapie
Tout c’qui jadis me torturait la nuit
Maintenant, je m’en contrecrisse
Il fut un temps où j’étais souvent en colère
Quand je croisais des gens n’ayant pas de manières
Leurs vilaines paroles, tel un coup de masse
Martelaient mes oreilles et me donnaient la chiasse
Mais aujourd’hui, je souris
Grâce à ma thérapie
Tout c’qui jadis usait mes orifices
Maintenant, je m’en contrecrisse
La mauvaise fortune est votre quotidien
Vous n’avez plus rien à porter que votre chagrin
La misère sur vous brille comme une auréole
Même si elle est disparue, vous avez la vérole
Vous garderez le sourire
Grâce à ma thérapie
Pour tout ce qui a infecté nos vies
Chantons « je m’en contrecrisse »
Mes chers amis, élevons nos esprits
Chantons « je m’en contrecrisse »
Faites de ce cri votre unique devise
Chantons « je m’en contrecrisse »
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10. |
Méandre
03:02
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Méandre,
C’est pas ton nom, mais c’est c’qui te va le mieux
On s’est fait prendre
Dans les crevasses de ton parcours sinueux
Méandre
Méandre
Pourquoi tu fumes au milieu du stationnement?
T’es dans les jambes
Tu fais augmenter l’taux de rage au volant
Méandre
Pis là, le gars, après nous avoir convoqués dans une place même pas ouverte, pis avoir fait damner Mireille parce qu’il fumait dans la dernière place de stationnement qui restait au café, il est venu nous voir avec une demi-heure de retard parce qu’il jasait avec un band qui, de toute façon, allait même pas faire partie du show. Il s’est mis à nous raconter dans les détails toutes les étapes du concours en nous laissant présager qu’on avait peut-être une chance d’aller à la finale en Allemagne alors qu’il n’avait jamais écouté notre musique. Y’avait l’air d’avoir appris son texte par cœur, J-F avait l'air de vouloir s’enfuir, pis moi, j’me disais « coudonc… ».
Méandre
Tu sais très bien qu’nous n’irons pas en Allemagne
Veux-tu nous tendre
Un piège dans une vente de shows pyramidale?
Léandre, Méandre, Léandre, Méandre
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11. |
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Ce soir, je ne sors pas, parce que je dégèle
Mon vieil ami Léonard qui dort la porte ouverte
Nous étions à risque d’être en querelle
Depuis que mes aliments n’entraient plus dans sa tête
Il faudra que je surveille
Même si j’ai sommeil
La fonte de notre cauchemar
Lorsque j’éponge sa peine
Je sens que c’est la mienne
Pleurons ensemble, Léonard
Il ne parle pas, mais il est fidèle
Il est toujours aussi beau malgré la soixantaine
Je prends soin de lui et il se démène
Pour m’offrir toute la fraîcheur d’une présence fraternelle
Son cœur de givre se déverse
Une ondée de tristesse
Couvrent mes mains de désespoir
Ce soir, la tendresse est celle
D’un amour matériel
Pleurons ensemble, Léonard
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12. |
Opus colérique
02:36
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Toutes mes chansons d’amour pour toi sont tristes
Tu te sens inapte à m’inspirer
Le retour des paysages
Où le risque d’orage est écarté
Tu bats notre mesure sans suivre le rythme
Je te parle en version syncopée
C'est une vie inécoutable
Qui se dessine sur notre portée
Tu m’inspires des hits
Qui parlent de bonheur qui s’effrite
D’avions qui tombent, de paille qui flambe
Je suis romantique
Je t’offre un opus colérique
Composé avec mes décombres
Toutes mes chansons d’amour pour toi sont tristes
Je ne fais pas l’unanimité
Ton esprit m’appelle, ton corps se désiste
Une fois à mes côtés
Tu m’offres le chapeau de la fille en criss
J’ai le déplaisir de te couronner
Champion des peurs, tu cours sur une piste
Qui te garde cloîtré
Tu m’inspires des hits
Qui parlent de bonheur qui s’effrite
D’avions qui tombent, de paille qui flambe
Je suis romantique
Je t’offre un opus colérique
Au lieu de te briser les jambes
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13. |
Plus jamais seuls
04:03
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Tout le monde enviera l’infinie tendresse
De ton regard qui se pose sur moi
Je n’ai pas d’adresse
J’habite tous les endroits où je peux m’endormir dans tes bras
Plus jamais seuls, je vais partout où tu vas
Tu me combles déjà de tes caresses
Qui m’apaisent et me protègent du froid
Tu soignes mes détresses
Avec la force de ta voix
Plus jamais seuls, j’ai tellement besoin de toi
Un jour, je rêverai d’ailleurs
Je voudrai être l’auteur
De ma propre existence
Tu me donneras la chance
De partir en voyage
Mais tu ne seras plus
Mon unique paysage
Tout le monde enviera l’infinie tendresse
De tes paroles quand tu m’appelleras
J’ai ma propre adresse
Et même si tu ne peux plus me serrer chaque jour contre toi
Plus jamais seuls, ton cœur est mon habitat
Un jour, je vivrai ailleurs
Tes mots seront porteurs
D’une douce assistance
Pour contrer mes malchances
J’y puiserai mon courage
Ton amour restera
Mon plus bel héritage
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14. |
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Satan vient nous donner un conseil :
« Obéissez au doigt et à l’œil
Aux diktats qui rendent les bandits prospères
Et vous croupirez avec moi dans les ténèbres »
Du même coup, Dieu nous souffle à l’oreille :
« Si vous voulez une place dans les limbes
Bloquez les rues en guise de protestation
Pour sauver son prochain, cela est juste et bon »
Pratiquons l’exhumation
Et faisons une consultation
Les morts guideront nos décisions
Et les morts s’écrient
« Il n’y a rien de plus vil
Que de suivre des lois qui détruisent
Pour que le Bien reprenne du service
Il ne reste plus que l’anarchisme
D’où vient donc cet ensorcellement
Qui vous fait rester dans des rangs
Conduisant tout droit à la damnation
De tous ceux qui vous succéderont?
De quoi seront donc faits vos tombeaux?
De champs de fleurs bordés de ruisseaux
Ou encore de feu et de vieilles ordures?
Que restera-t-il pour votre progéniture? »
Nos ancêtres avaient raison
La révolte est la seule option
Tous ensemble, désobéissons
En chantant
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Andrée-Anne Chose Sherbrooke, Québec
Andrée-Anne Chose ses musiciens colorent leurs pièces folks d’influences inusitées. Les chansons se distinguent par des harmonies vocales vibrantes, des mélodies accrocheuses et une poésie audacieuse
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